Am tradus Zgârie-nori de gelatină pentru un prieten francez. El mi-a corectat traducerea, mi-a acceptat chiar şi cuvintele inventate, iar prietena lui, care predă franceza, vrea să discute textul cu elevii ei chinezi :). Am adăugat o frază din alt text, pentru că aici îi e locul, şi încă o propoziţie pe care iniţial o autocenzurasem.
Du 13e étage j’ai une vue assez généreuse, mais quand je cherche l’horizon, mon regard se frappe contre les gratte-ciels quelques rues plus loin. J’essaie à gauche – ils sont encore plus hauts. Puis à droite – aucune chance. Avec un petit espoir dans mon âme, je suis montée sur le bâtiment, au 20e étage, mais au-delà des bâtiments hauts je n’ai pu voir que d’autres bâtiments, encore plus hauts. Et c’est comme ça partout à Shanghai, l’horizon s’arrête d’un gratte-ciel à l’autre. On finit par oublier que l’horizon existe (car en fait il n’existe pas, n’est ce pas ?), à peine se souvient-on qu’il y a le ciel (qui n’existe pas non plus, il y en a qui le disent…). Mais on s’en souvient quand on le voit se refléter dans le verre des gratte-ciels. Mais ça va pour les chinois, peut-être qu’ils n’ont pas le temps d’y penser. Parfois un cerf-volant coloré se hisse plus haut que les gratte-ciels, pour vérifier : il y a le ciel ou non ? (Je crois qu’il existe, le ciel, car alors les nuages blancs et tendres, où se reposeraient-ils ? Et la neige, d’où tomberait-elle ?)
Je serais contente même avec une petite partie d’horizon, même avec un centimètre. Mais bien des gratte-ciels devraient changer de place pour cela… Mais comme j’ai des prétentions absurdes, moi. Comme si à Bucarest on pouvait voir l’horizon ! Bien sur que non, mais il y a encore quelque lieu magique et secret ou l’on peut recevoir une portion de la ligne terre-ciel. Ici tout ce que l’on peut faire est monter dans la Perle de l'Orient, à 468m de la terre au ciel et se contenter avec le nouveau concept d’horizon : la ligne ciel-gratte-ciels. (Il vaut mieux dire « merci » qu’au moins le ciel soit resté dans l’équation.)
Au commencement, quand je passais devant les gratte-ciels, je les trouvais impressionnants, je me sentais un nain et j’avais peur qu’ils lèvent un pied en béton et qu’ils m’écrasent. Ils s'élèvent comme les champignons après la pluie, en verre argent, bleu, vert, or, gris, faisant des vagues comme ci ou comme ça, reflétant comme ci ou autrement ; avec des coupoles, des tours, des arcades. À ne plus raconter comment sont-ils à l’intérieur. À Shanghai un bâtiment de 10 étages est un nain, à partir de 20 on en discute, et la grande partie des gratte-ciels ont au moins 50 étages.
Maintenant je me suis habituée aux gratte-ciels, il y en a tellement que je n’ai plus peur. Parfois je regarde ces bâtiments de verre et de béton pendant des heures entières. Ils sont comme des enfants grands et timides. Ils essaient de rester sérieux, parce qu’ils sont au service des hommes. Mais je les vois comme ils médisent, ils flirtent, ils éclatent de rire et jettent un coup d’œil pour voir quel frais gratte-ciel s'élève dans les alentours, s’il sera plus impressionant qu’eux. Ils sont un peu la tête dans les nuages ; imagine quand il fait du brouillard ! Le matin, les hommes reçoivent les rayons de réveil un peu tard parce que les gratte-ciels, en profitant du fait que les bureaux ne sont pas encore occupés, jouent au ping-pong avec le soleil-ballon-jaune-lumineux. (À vrai dire, les gratte-ciels sont tout comme les chinois qui à sept heures du matin chassent leur sommeil en jouant au badminton dans le parc.)
J’aime le plus les gratte-ciels vespéraux. Chaque bâtiment haut qui se respecte a des lumières-signal-anti-avion et toute la ville semble décorée avec une immense installation de pomme de noël. Au fur et à mesure que la lumière du jour s’éteint, les lumières de la nuit s’allument. C’est une incertitude d’inter-règne dans laquelle se fondent les lumières, les couleurs, les sons et les formes. Les gratte-ciels perdent leurs contours, ils deviennent des bâtiments de lumière. Ils renoncent à la sérieusité du jour et se préparent pour la vie de nuit. Ils deviennent translucides et mous, ils ressemblent à des gélatines colorées et douces, on a envie d’y mordre. On dirait des phallus lumineux et multicolores. Ils sont tellement translucides qu’on pourrait voir l’horizon à travers eux.
Chaque matin, les gratte-ciels avalent des centaines de gens, ils les mâchent bien pendant neuf heures et, vers le soir, ils les crachent comme des proies de boa à demi digérées.
joi, 28 august 2008
Gratte-ciels de gélatine
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